EuroMag  25 07 2004

Hein, quoi ? Pardon ?

L'histoire de Mickaël Guigou c'est un peu celle de... ben, en réalité, l'histoire de Mickaël Guigou, c'est un peu celle de Monsieur Tout le Monde. Sauf qu'il est super fort au hand.
"Mon parcours ? C'est celui d'un jeune joueur qui est passé par toutes les étapes de formation pour arriver au plus haut niveau". C'est sûr, pour un journaliste avide de scoops, de grands sentiments et de petites tragédies, il n'y a rien ou presque à se mettre sous les chicots.
Je sais ce que je peux faire: raconter des cracks. Dire qu'il a été abandonné par sa famille à huit ans, près d'un terrain de hand. Avec une balle pour seul ami, Mickaël s'est forgé un mental de vainqueur. La rage au coeur et la revanche au corps, il a franchi les étapes comme autant d'obstacles... En fait, je ne suis pas très doué pour le pathos.

Alors, je pourrais dire que Mickaël est un homme orgueilleux, asociale, qui ne s'est jamais entendu avec ses coéquipiers et qui vit dans un rapport de force permanent. Pire encore, il n'a jamais été sélectionné par Daniel Costantini car il l'avait insulté un soir, alors qu'il était complètement bourré. En fait, je ne suis pas très doué pour le sensationnel.
Le plus simple serait finalement d'écrire la vérité: la carrière de Mickaël Guigou est celle d'un jeune joueur bourré de talent, explosif sur son aile gauche et qui ne cesse de progresser. Arrivé à Montpellier à 17 ans, Guigou s'est très vite distingué en inscrivant 9 buts lors de son premier match avec l'équipe I. "C'est clair, ça a facilité mon intégration". C'était en avril 2001.
Deux ans plus tard, il remporte la Ligue des Champions face au Pampelune de Jackson Richardson, en inscrivant 10 buts dont l'un d'eux absolument prodigieux (volte face à plus d'un mètre du sol et tir après un 360°). "Si le défenseur ne me touche pas au moment de mon impulsion, je pars pour la mettre tranquillement", relativise Mickaël, avec un calme surnaturel. "Sur le coup, j'étais surtout content pour l'équipe car c'était un but important. C'est en revoyant les images plus tard que j'ai réalisé pourquoi ce but avait marqué les gens. Ce qui est bizarre, c'est que ce but a presque éclipsé les 9 autres que j'avais inscrit dans le match". Ah, les joies de la Société du spectacle...
‘Depuis, Guigou poursuit son ascension et son apprentissage du haut niveau. A Montpellier, ses responsabilités sont de plus en plus importantes et lui ne faiblit pas. Sélectionné en équipe de France pour les prochains JO, Guigou s'apprête à vivre sa première grande compétition avec le maillot tricolore. "Je prends les choses comme elles viennent, tranquillement. Maintenant que j'y suis, ce n'est plus un rêve. Je ne vais pas aux JO pour faire le nombre mais pour remplir mon rôle et aider l'équipe à décrocher l'or".
La pression ? Pas de problème. La médiatisation ? Ça va, tranquille... Mickaël Guigou est un déjà un roc. "Pour ce qui est de la médiatisation, je suis épargné par rapport à Niko (Karabatic)". Mais il a forcément une faille, quelque chose ou quelqu'un qui le déstabilise. Je sais: Jackson Richardson! "Ouais, je rêvais de pouvoir jouer avec lui. Comme il risque d'arrêter après les JO, je suis content d'être arrivé à temps. C'est quelque chose qu'on n' oublie pas".
Et peut-être qu'un jour, un jeune joueur aura ces même mots pour parler de Mickaël Guigou...

Romain (Sublon)