© Dernières Nouvelles d'Alsace  - Lun 26 juil. 2004

Haute tension

Jérôme Fernandez : l'efficacité au rendez-vous.

Jackson Richardson : pas ménagé...

Victorieuse hier de l'Espagne (25-23), comme de ses deux premiers matches, l'équipe de France ressort de l'EuroTournoi invaincue et, pour tout dire, un petit peu impressionnante. Reste maintenant le plus dur : garder l'élan jusqu'à Athènes.

 

Il parait que ce week-end c'était un tournoi amical. Ah ! bon, c'est ça amical ? Ames sensibles et poulets de l'année s'abstenir donc dans moins de trois semaines en Grèce. Parce que si le match d'hier était une rencontre sans enjeu véritable, il va falloir appeler les casques bleus, rappeler le général Morillon, convoquer Kofi Annan et leur confier le sifflet des arbitres quand l'or olympique sera en vue. Surtout si Français et Espagnols sont amenés à se rencontrer à nouveau.

Pas de cadeau

 C'est qu'hier, personne ne s'est fait de cadeau. Déjà pas le genre de la maison, quelle qu'elle soit, en temps normal, alors pensez, hier... Car contrairement aux apparences, ce dimanche c'était déjà spécial et passablement important aussi.
 Après deux sorties pas vraiment jouasses (défaite contre la Hongrie et nul face à l'Égypte sur le fil), l'Espagne était en effet moralement obligée de réagir. Et comme la France avait à coeur de frapper un grand coup sur la table avant de partir et d'instiller le doute dans l'esprit de l'un de ses principaux adversaires, tout ça sentait la bonne grosse empoignade dès les premiers ballons. Le bourre-pif un petit peu aussi.

 

Ça sent le bouchon

 « Avec ce match, on est déjà entré dans la compétition », dira Claude Onesta à la fin de la rencontre. Pas faux. Confrontés à une très grosse défense, les coéquipiers d'un Jackson Richardson une nouvelle fois logiquement économisé, ont du faire du rentre dedans, tourner autour et tenter de passer par dessus quand il n'y avait plus de place ailleurs. Bref, utiliser tous les espaces sans retenue.
 La retenue, un joli mot pourtant finalement assez peu usité chez le handballeur moderne. Absent des dictionnaires franco-espagnols hier en tout cas. Car d'un chassé-croisé assez intense d'un début de match survolé par Jérôme Fernandez (4 premiers buts français et 6 sur 8 pour finir) avec des égalités à n'en plus finir, on est vite passé aux bouchons.

Omeyer olympien

 Ça tombe bien, dans ce domaine-là aussi, la France a du répondant, ce qui se savait déjà sur le continent. Beaux bébés élevés au grain et en plein air, Bertrand Gille, Didier Dinart et Guéric Kervadec sont assez joueurs quand la boite à gifles est de sortie. Rien ne se perd alors. Hier, ils étaient dans leur élément.
 Dans ce match que les poètes des mains courantes qualifient généralement d'« hommes » avec un hochement de tête définitif, il a donc beaucoup été question d'impact. De talent aussi puisqu'au final, c'est ce qui a fait la différence avec, notamment, un Thierry Omeyer olympien auteur de 22 arrêts et qui a fait trotter quelques envies de suicides dans la tête de Juan Garcia, l'ailier gauche espagnol.

Aux limites de l'engagement

 Longtemps au coude à coude, dans tous les sens du terme on l'aura compris (10-10 à la 25e' et 19-19 à la 48e' sans qu'aucun écart n'atteigne deux buts), Français et Espagnols sont allés aux limites de leur engagement. Pour ne rien céder qui pu faire dire à l'autre qu'il avait pris un ascendant au moins psychologique.
 Et finalement, comme toujours dans ces cas-là, c'est la fraîcheur et la profondeur du banc de touche qui a fait basculer un match que les bras d'Omeyer aimantaient et que les arabesques de Greg Anquetil magnifiaient (7 sur 10).
 Tout a été plié quand Claude Onesta a lancé Nikola Karabatic, auteur de 6 buts la veille, et qui allait se fendre d'un triplé qui enfoncera des Espagnols impuissants. Pas résignés, impuissants, ce qui n'est pas une mince indication avant les Jeux.

P.C.