Dujshebaev, Talant pur
S’il ne
fallait retenir qu’une seule image de
Talant Dujshebaev, ce serait sûrement
celle-là : son incomparable " tir
désaxé en suspension ". Cette capacité
à surprendre les défenseurs en
changeant au dernier moment la
trajectoire de ses shoots grâce à un
mouvement digne d’un contortioniste de
fête foraine.
Avec ce
geste si spécial, Dushebaev a dérouté
les défenses du monde entier. Il s’est
forgé un palmarès hors du commun, à
l’instar de son talent et de son
parcours.

Car
au-delà du nombre impressionnant de
titres qu’il a glané, les tribulations
de Dujshebaev ont contribué à faire de
lui une légende du handball
international. Une trajectoire aussi
étonnante que sa technique. Un
itinéraire atypique qui l’a amené à
revêtir le maillot de trois sélections
nationales différentes.
Dujshebaev
est né en 1968 à Bichkek, la capitale
du Kirghizistan. Il a grandi dans
cette république de l’URSS avant de
rallier Moscou pour rejoindre le club
du CSKA avec lequel il est plusieurs
fois champion.
A 24 ans,
le demi-centre remporte l’or olympique
à Barcelone sous les couleurs de la
CEI, survivance éphémère d’une Union
soviétique éclatée. L’année suivante,
le Kirghize qui possède la double
nationalité fait partie de l’équipe de
Russie sacrée aux mondiaux.
"Je suis
Kirghize pour toujours"
A ce
moment, Dujshebaev a déjà rejoint la
Liga et le club de Santander. C’est là
qu’il est naturalisé Espagnol le 10
février 1995, poursuivant dès lors sa
carrière internationale sous le
maillot de la sélection ibérique.
A la
question de savoir s’il se sent plutôt
Espagnol, Russe ou Kirghize,
Dujshebaev répond sans sourciller :
" Après avoir vécu dans des pays très
différents, je peux affirmer que je me
sens bien partout. Mais une chose est
sûre : je suis Kirghize pour
toujours."
Aujourd’hui, Dujshebaev est
l’entraîneur de Ciudad Real, ce grand
d’Espagne où il a achevé sa carrière
de joueur après un passage par
l’Allemagne. Une reconversion opérée
il y a quelques mois mais que l’ancien
demi-centre préparait depuis plusieurs
années:
" J’ai eu
beaucoup d’entraîneurs de diverses
nationalités. A leur contact, j’ai pu
observer, apprendre et comparer. Et
depuis mon poste sur le terrain, j’ai
souvent été le relais de mes coachs.
Devenir entraîneur était pour moi une
évidence."
Aux
commandes d'une redoutable machine
Il
s’efforce désormais de transmettre les
valeurs qui lui ont aussi permis de
gagner une kyrielle de récompenses
individuelles. Si l’on se
réfère au bilan de sa première saison
à la tête de son équipe de stars, le
message de l’entraîneur Dujshebaev
semble plutôt bien passer. Ciudad Real
a remporté la Ligue des champions, la
Supercoupe d’Europe et la coupe
d’Espagne.
Après
trois semaines de travail foncier,
l’armada de Ciudad Real a débarqué à
Strasbourg pour peaufiner ses
automatismes dans le jeu:
" Le
niveau de ce tournoi est très relevé.
C’est important pour notre préparation
de pouvoir nous frotter à des clubs
que l’on pourrait retrouver en Ligue
des champions. Les joueurs ont besoin
de trouver le rythme, de jouer, de
gagner. Une victoire ici lancerait
parfaitement notre saison."
A charge
pour Montpellier de tenter tout à
l’heure d’enrayer la redoutable
machine pilotée par Dujshebaev. Et
avec des joueurs comme Anquetil ou
Guigou, les Héraultais non plus ne
manquent pas de purs talents.
EM
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