Les Jeux, c'est dans quinze jours on est bien d'accord, mais rien n'interdit d'y penser. D'autant que tout est fait pour ça ces temps-ci et que c'est précisément le but de cet EuroTournoi qui réunit au Rhenus jusqu'à dimanche un tiers des équipes qualifiées pour Pékin.
La France donc, mais aussi, par ordre d'apparition, l'Égypte, l'Islande et l'Espagne. Plateau relevé on en conviendra, histoire sans doute de reprendre pied avec la réalité après un voyage galère au fin fond de la Russie. Un de ces voyages comme on n'en fait plus depuis les années 70 et la disparition des maillots Manufrance, mais qui, paraît-il, forgent les groupes.
L'Égypte aussi était programmée à Krasnodar, mais comme les champions d'Afrique ne sont jamais vraiment là où on les attend, ils ne s'y sont pas déplacés. Ils ont eu le bon goût d'honorer l'invitation strasbourgeoise et c'est le principal.
« Nous avons été spectateurs »
D'autant que les récents tombeurs de l'Allemagne ne sont plus depuis longtemps des faire-valoirs sur la scène internationale. Et que débuter un tournoi de préparation par une empoignade avec ces Pharaons-là n'est jamais une partie de campagne et encore moins de plaisir.
« C'est une équipe au jeu atypique contre laquelle nous avons toujours eu du mal, confirmait Jérôme Fernandez qui en a profité pour faire grimper son compteur à 1033 buts. Les battre comme ça, c'est une bonne entrée en matière ».
Ce à quoi Nikola Karabatic répondait en canon : « Battre l'Égypte, ce n'est pas rien. C'est une équipe vraiment dangereuse ».
Surtout si on la regarde jouer, ce qui est assez tentant. Car l'Égypte qui déroule, c'est comme un pan de l'histoire du handball qui se livre, un alphabet qui s'écrit en lettres déliées. Passes croisées, rentrées dans le dos des défenses, ailiers qui viennent semer le trouble, redoublements à tous les étages, tirs à la hanche et tout le toutim... un handball d'école où se devine la patte d'Irfan Smajlagic, le sorcier croate.
« En début de match, nous avons surtout été spectateurs, on manquait de dynamisme », déplorait Claude Onesta.
Résultat, la France se trouvait menée 5-8 après 17' de jeu, avait raté deux penalties, pris deux buts en supériorité numérique et était resté 9' sans marquer le moindre but. Mauvaise limonade.
Un 8-1 sans un
regard compatissant
Apathiques, les Français allaient être sortis de leur torpeur par les Égyptiens eux-mêmes et Mabrouk qui venait rugueusement se frotter à Bertrand Gilles et provoquait un début d'algarade. Il ne faut pas jouer à ça, évidemment.
Titillés dans leur orgueil de cisterciens, les Bleus sortaient la surmultipliée. Avec l'aide aussi de la paire d'arbitres qui sortaient deux Égyptiens coup sur coup et permettaient aux coéquipiers de Thierry Omeyer, capitaine hier, d'évoluer en double supériorité numérique.
Revenus dans le match, les Bleus passaient un 8-1 à leurs adversaires sans un regard compatissant (13-9, 28e').
Les hommes d'Onesta pouvaient alors gérer et dérouler. Avec une défense retrouvée car concernée et un choix en attaque multiple. Avec la paire Narcisse-Karabatic pour porter rapidement le fer. L'alliance Guillaume Gilles-Fernandez pour calmer le jeu et planter les banderilles. De quoi voir venir...