© Dernières Nouvelles D'alsace, Lundi 28 Juillet 2008

 

«Se jeter à l'eau»

Même s'il se pousse à rester sur la réserve, Claude Onesta a apprécié le comportement des siens durant l'EuroTournoi. Conscient du travail qu'il faut encore abattre, convaincu, aussi, des forces de son équipe de France.

Si elle ne quitte pas Strasbourg, aujourd'hui, avec plus de certitudes que ça (ce n'est d'ailleurs pas ce qu'elle était venu y chercher), l'équipe de France a cependant pleinement profité de sa semaine alsacienne.
 Le temps d'un séjour en famille (ça c'est le côté ambiance), de quelques entraînements et de trois matches (là, c'est le travail), elle a respecté le cahier de charge qu'elle s'était fixé.
 « Je suis satisfait, confie Claude Onesta, l'entraîneur de la formation tricolore. Pas serein parce qu'on ne peut avoir de certitudes dans mon métier, ce serait le meilleur moyen d'aller droit dans le mur. Mais satisfait. Nous sommes dans une démarche rationnelle, celle entreprise depuis des mois et qui nous a permis d'identifier les choses à travailler. On a bien bossé, à Strasbourg comme en amont, on est psychologiquement et physiquement bien. On a vraiment la sensation d'avoir, jusqu'ici, rempli les cases comme on l'avait programmé. »

« On a analysé et
on s'est remis au travail »
 

 Et c'est vrai que cette équipe de France a pas mal grandi depuis 16 mois, qu'elle a prit un peu plus de volume encore depuis le championnat du monde allemand et ses souvenirs à vous gâcher la nuit.
 « Après notre élimination en demi-finale du Mondial et au delà du sentiment d'injustice qu'on a tous ressenti, on a analysé et reconstruit. Dans l'adversité, qu'aurait-on pu mieux maîtriser ? Qu'avions nous, aussi, à retenir de cette mésaventure ? On a analysé et on s'est remis au travail. J'ai, aujourd'hui, le sentiment qu'on a rebondi. qu'on joue un jeu correspondant à la réalité du handball international, que les joueurs se sentent plus forts, plus sûrs du handball qu'ils pratiquent. »
 Pour passer ce nouveau palier, celui qui peut permettre à la France de décrocher, enfin, l'or olympique, les responsables tricolores se sont décidés à se donner un peu de temps, celui qui d'ordinaire leur fait tant défaut.
 « Contrairement aux clubs, nous sommes obligés de travailler dans l'urgence, poursuit Claude Onesta. Là, quitte à ne pas aborder certains rendez-vous intermédiaires dans les meilleures conditions (l'Euro-08, ndlr), on a pris le temps et cela nous a permis de progresser. On n'a rien révolutionné, mais on a beaucoup évolué. »

« Une caisse à outils
performante »
 

 C'est ainsi que les Français ont beaucoup travaillé leur jeu d'attaque, complétant leur panoplie défensive, insistant également sur le jeu rapide. « Ce n'est pas forcément dans notre culture, mais on a réussi à l'intégrer d'autant mieux qu'on a les joueurs pour. Nous disposons à présent d'une caisse à outils bien fournie et performante. »
 Reste la compétition, ses effets pas toujours bénéfiques et ses impondérables. « On n'est pas assez au dessus, pas assez meilleurs que les autres pour prétendre à une compétition sans accroc. Beaucoup d'équipes sont aussi bonnes que nous, quelques unes mieux loties à certains postes. Mais la variété et la diversité qui caractérisent le jeu français peuvent nous permettre de combler quelques déficits. Et l'expérience de mieux gérer certains moments de moins bien. » Il y a l'équipe, il y a les joueurs. Quelques uns des meilleurs au monde qui devront obligatoirement répondre présent à Pékin.

« Une compétition
exceptionnelle ne se gagne
pas de façon rationnelle »
 

 « Si on veut être champions olympiques, il faudra que tous évoluent à leurs meilleurs niveaux, que chacun ait la volonté absolue d'aller au bout. On parle souvent de fond de jeu, mais ça ne veut pas dire grand chose. Ce sont les joueurs qui font le handball. Mon rôle, aujourd'hui, est d'amener chaque individu face à sa propre performance, de demander aux joueurs d'avoir une telle exigence envers eux-mêmes qu'ils ne pourront être satisfaits que s'ils ont fait du mieux possible leur travail. A ce niveau, l'addition des individualités fait la performance collective. »
 Surtout, Claude Onesta attend des siens qu'ils ne se cachent pas, qu'ils « se jettent à l'eau. Une compétition exceptionnelle comme celle-là ne se gagne pas de façon rationnelle. Il faut tenter des choses et pas que dans la composition d'équipe. Chaque individu doit être prêt à faire ce qu'il n'a jamais réussi à faire, à tenter ce qu'il n'a jamais tenté. »
 Ce n'est sans doute qu'à ce prix qu'on peut espérer le mieux...

 

A.V.

.