S'il est nominé dans une incertaine
élection du meilleur entraîneur du
siècle mise en scène par les gens d'en
haut, ceux de la Fédération
internationale, c'est qu'il le vaut
bien. Double champion du monde (1995 et
2001), Daniel Costantini est, en effet,
celui qui a permis au hand français
d'écrire les premières belles pages
d'une superbe histoire. En cours...
L'ancien coach de l'équipe de France
sait de quoi il parle lorsqu'il
s'exprime sur les choses du hand. Sans
doute la raison pour laquelle ses avis
sont précieux, ses conseils demandés.
Parrain de l'EuroTournoi dont il n'a
manqué que la première édition, Daniel
Costantini est ainsi un des mieux placés
pour parler du tournoi strasbourgeois et
de ceux qui en font le plateau.
« Certainement un des plus équilibrés »
Au sortir de vacances qui n'en ont
pas été pour lui (il a fait une embolie
pulmonaire dans la foulée d'une pose de
prothèse totale d'un genou en vrac), DC
entamera cette semaine sa rééducation en
Alsace. Avec un plaisir non dissimulé.
« J'aurais regretté de ne pas en être
et ce n'est vraiment pas faire un gros
effort que d'en être. Ce 17e EuroTournoi
est prometteur, ce sera certainement un
des plus équilibrés. Aucune équipe ne
pourra jouer les mains en haut du guidon
si elle veut s'imposer. Le plateau peut
paraître un peu moins relevé que ces
dernières saisons, mais il n'en est
rien. Les équipes présentes ont toutes
de grosses ambitions et toutes les
rencontres sont prometteuses. »
Difficile donc de dégager un favori,
même si Montpellier semble le mieux armé
pour s'imposer. Et inscrire, 16 ans
après, son nom au palmarès de l'épreuve.
« Les champions de France sortent d'une
fin de championnat tronquée (les
blessures de Karabatic et Kavticnik
notamment les ont privés d'une
participation au Final Four de la Ligue
des champions) et ils sont forcément
animés d'un esprit de revanche en ce
début de saison. D'autant qu'ils restent
sur une lourde défaite face à Kiel en
finale de la Schlecher Cup (37-26). Ça
leur ferait certainement le plus grand
bien d'aller au bout cette semaine... »
« Je vois bien une finale Montpellier -
Chambéry »
A l'image d'un Mickaël Robin qu'il
apprécie particulièrement, Daniel
Costantini juge cette formation
montpelliéraine « enthousiaste,
intelligente et talentueuse. Elle sera
le favori, sauf que... »
Sauf que Chambéry et Dunkerque (« C'est
bien d'avoir trois grosses équipes
françaises, cela ne dévalorise en rien
le tournoi »), mais aussi Celje, Moscou
ou Logrono ont tous le profit type du
trublion.
« Chambéry a de gros arguments
offensifs cette saison. Surtout à
gauche, même si je fais confiance à
Barrachet, joueur éclectique, capable de
beaucoup de belles choses. C'est une
belle opération qu'a fait Ciudad Real en
s'attachant ses services (dès la saison
prochaine). En tout état de cause, il
faudra se méfier des Savoyards
(vainqueurs de l'ET en 1999, 2001 et
2003) et je vois bien une finale
Montpellier - Chambéry ».
Encore faudra-t-il aux uns et aux
autres ne pas se prendre les pieds dans
le tapis face aux quatre autres.
Dunkerque en premier lieu.
« Les Nordistes ont souffert l'an
dernier (2es après les matches aller,
ils ont payé au prix fort une succession
de blessures) et ça peut être un
avantage pour eux. On fait souvent de
belles choses après des saisons
galères... »
Et puis il y aura les formations
étrangères, toutes capables de
contrecarrer les ambitions tricolores.
« On sait à quoi s'en tenir avec Celje,
une équipe qui a tout gagné. Celje,
c'est toute la richesse de la Slovénie,
un pays qui respire le handball. »
Moscou, bourreau des Montpelliérains il
y a quelques mois en Ligue des champions
fait également figure d'épouvantail.
« C'est l'équipe nationale de Russie,
une équipe qui a beaucoup à se faire
pardonner après sa non qualification
pour le Mondial 2011. Il y a un
traumatisme à effacer et chaque occasion
sera bonne pour elle de montrer que
cette absence en Suède n'est qu'un
accident. Attention, voilà un sérieux
prétendant à la victoire. »
« Je suis sûr que le public va se
régaler... »
Logrono enfin, l'équipe la moins
connue, certainement pas la plus facile
à manier. « Logrono, c'est un coin
d'Espagne où on n'aime pas les
"escrocs". Là-bas, on est toujours
obligé de mouiller son maillot, de
justifier son transfert. C'est
certainement gratifiant pour cette
équipe de disputer un tel tournoi et
elle jouera au premier degré. sans se
cacher. »
Bref, l'ancien entraîneur de l'équipe
de France pressent un tournoi de haute
volée, neuf matches passionnants.
« Personne ne pourra assurer, chaque
formation ayant, je le répète, de
grosses ambitions et de sérieux
arguments. Tout ça va donner un bel
EuroTournoi, très équilibré. Je me
régale d'avance et je suis sûr que le
public va se régaler. »
Si c'est Daniel Costantini qui le
dit...
A.V